Euthanasie
L’euthanasie en vedette avec le procès de deux soignants et le manifeste signé par 2000 autres qui disent avoir aidé un malade à mourir en abrégeant ses souffrances. Tout cela pour demander une dépénalisation de l’euthanasie.
- D’accord, mais vous avez plus d’une chance sur deux de
le tuer.
- Il ne faut pas le faire alors ?
- Si. Je crois que vous avez raison. Il faut le faire. En
sachant qu’il va certainement en mourir.
Le patient est mort dans l’heure
qui a suivi la morphine. L’important était que l’infirmière ait pris conscience
avant de la portée de son geste, que j’ai prescrit bien sûr, ce n’était pas à
elle de le décider.
Un autre souvenir pénible :
un de mes collègues et amis (encore un !) mourait sur un lit d’hôpital d’un
cancer généralisé. Mais je n’étais pas son médecin, j’étais juste un ami qui
lui rendait visite. Il avait une pompe à morphine dont il réglait lui-même le
débit selon sa douleur. Je voyais qu’il souffrait et lui demandais pourquoi il
n’augmentait pas le débit de la pompe.
- Parce que ça me fait dormir. Le peu de temps qui me
reste à vivre, je veux être conscient et lucide.
Il n’a jamais été question bien sûr
d’abréger sa souffrance.
Sur un plan « législatif »,
je suis contre une « légalisation » de l’euthanasie active, choquante
par essence, même avec le consentement éclairé du patient et des proches. La
dérive vers le suicide légal assisté serait inévitable. C’est pour ça que je ne
signerai pas ce genre de manifeste. On a vu, dans le même ordre d’idée, comment
la loi Veil sur l’avortement, pourtant généreuse, faite pour faire face à des
situations de détresse, a engendré une dérive inacceptable vers un mode de
contraception de dernier recours.
Je pense que les comportements d’accompagnement tels que je les décris plus haut, qui ne sont pourtant plus, il ne faut pas se voiler la face, de l’euthanasie passive dans la mesure où les morphiniques et les sédatifs utilisés raccourcissent la vie, méritent une indulgence de la part de nos juges. Mais je ne suis pas sûr qu’il faille bâtir un texte de loi pour ça.
Alors n’en définissons pas. Ne légiférons pas. Si notre justice garde un certain bon sens (vœu pieux…), une jurisprudence se dessinera d’elle-même, qui fera la part des choses entre les meurtres au potassium ou à l’insuline et la sédation aux conséquences mortelles.