Mediator : Servier en appel
Mon ami Jean-Claude Bourret a publié ce post aujourd'hui sur Facebook :
EUROPA
Encore Une Raison d’Oublier le Périndopril à l’Avenir
L’antécédent PROGRESS :
SERVIER nous avait habitué à extrapoler un peu abusivement à partir d’une étude. PROGRESS, à la différence d’EUROPA, est méthodologiquement correcte, seules les conclusions que SERVIER en tire sont erronées, on n’a pas le droit d’en déduire la moindre activité favorable du PERINDOPRIL. Sans reprendre en détail l’étude, rappelons que PROGRESS comporte 2 sous-groupes, l’un sous PERINDOPRIL, l’autre sous PERINDOPRIL et INDAPAMIDE 2,5mg. Seul ce sous-groupe voit une diminution significative des AVC. L’HTA dans le sous-groupe traité est d’environ 2cm Hg plus basse que dans le groupe non traité. Les données épidémiologiques sur l’HTA montrent qu’une telle amélioration du pronostic peut être attendue dès qu’une telle différence de valeurs tensionnelles est observée. PROGRESS confirme, selon un protocole correct, que le contrôle tensionnel est efficace dans la prévention des AVC. C’est tout. En aucun cas on ne peut conclure à une efficacité du PERINDOPRIL en lui-même, surtout qu’il n’est efficace qu’en association avec un diurétique, celui-ci prescrit à un dosage supérieur à celui qu’on trouve dans les associations qui l’utilisent.
EUROPA :
Pour EUROPA, c’est beaucoup plus grave, le protocole n’est pas correct. Nous sommes surpris que les comités censés le surveiller aient validé tant d’erreurs de procédure :
- Critère principal d’évaluation changé en cours d’étude.
- Durée allongée de 4 à 5 ans en cours d’étude.
- Âges non comparables dans les deux groupes. La différence est significative pour les moins de 55 ans. Pour les plus de 65 ans ils sont plus nombreux dans le groupe placebo, mais la différence n’est pas significative. Il est normal, même si on ne traite pas, qu’il y ait moins d’évènements pathologiques quelle qu’en soit la nature chez des sujet plus jeunes !
- Si on regarde les évènements pathologiques, on voit que la différence significative ne s’observe que pour l’infarctus du myocarde. Elle n’existe pas pour les autres évènements morbides ou létaux. L’utilisation d’un critère composite dont il faut rappeler qu’il a été modifié en cours d’étude conduit SERVIER à prétendre que le PERINDOPRIL est efficace sur l’ensemble des évènements vasculaires. En fait c’est la diminution du nombre d’infarctus qui tire tous les autres critères de manière artificielle et non probante. Là encore, est-il étonnant d’observer moins d’infarctus chez des sujets plus jeunes ?
Autre commentaire : l’objectif prétendument atteint est de prévenir un événement cardiovasculaire grave en 4 ans pour 50 patients traités. HOPE, par un protocole rigoureux et conforme, a prouvé une telle prévention avec le RAMIPRIL pour 24 patients traités.
Cette étude, non conforme aux « Bonnes Pratiques Cliniques », est inutilisable. Il n’est pas éthique d’en tirer les conclusions qui nous sont présentées.
Un jour, à un congrès de cardiologie à Stockholm auquel j'assistais, un de mes collègues a expliqué en chaire que Servier n'avait pas de droit de tirer les conclusions qu'il tirait de l'étude Progress. Dès la fin de son exposé il a été serré de près par des vigiles Servier qui lui ont expliqué qu'il était de son intérêt de ne plus jamais dire ça.
Une telle escroquerie n'aurait pas été possible sans un niveau élevé de corruption.