Islam religions libertés tolérance
Un sondage paru hier chez les British monte que les jeunes musulmans souhaitent non seulement pouvoir pratiquer librement leur religion, mais aussi la vivre et l'appliquer dans leur vie quotidienne. A l'heure où de Villiers fait ses choux gras et un des axes de sa campagne de l'islamisation de la France, je viens mettre mon grain de sel dans le débat.
Ceux qui me connaissent ou ont lu mes écrits savent que je suis convaincu de l'unité transcendante des religions. Sous des formes adaptées au lieu et au temps, les différentes révélations donnent une voie adaptée au fidèle.
L'islam est à la base une religion d'amour, de paix et de tolérance. On pourrait en douter aujourd'hui. Je renvoie ceux qui veulent savoir ce qu'est le véritable islam à un livre que j'ai déjà cité ici : "La vie et l'enseignement de Tierno Bokar, le sage de Bandiagara", aux éditions Point-Sagesse, l'auteur est Hamadou Hampaté Bâ. L'islam d'aujourd'hui semble traverser une crise analogue à celle que le christianisme a vécu lors de l'inquisition, sauf que les moyens du monde moderne démultiplient les possibilités de dégats !
Les jeunes musulmans veulent vivre l'islam "comme à la maison". Bon alors OK. Moi je vais en Iran ou en Arabie Saoudite et je veux le christianisme "comme à la maison" avec mon église et mon surtout mon vin de messe.
Derrière cette boutade, ce qu'il faut comprendre, c'est que chaque religion n'a pas vocation à être universellement prédominante. Je comprends tout à fait qu'une république islamique impose une religion d'état et que la vie quotidienne soit liée à la religion. En France nous avions la même chose du temps de nos rois. Mais pas plus que nous ne pouvons demander à un état islamique de modifier son mode de vie et ses bases traditionnelles pour mieux nous permettre de vivre en bons chrétiens, nous n'avons chez nous à laisser dériver la pratique de la vie quotidienne dont les fondements, même pour les athées et agnostiques (ne serait-ce que par la majorité des jours fériés), sont judéo-chrétiens.
Donc, je suis d'accord avec le "non" au voile dans les écoles, mais pas d'accord du tout avec l'hypocrisie qui a fait que la loi parle de "signe religieux ostensible" pour ne pas citer le voile. Nous n'avons pas à renier notre culture et nos racines, et on ne doit pas mettre le voile sur le même plan que la croix au cou. L'islam en France et même en Europe a vocation à rester étranger et minoritaire, toléré certes, mais sans que cela influe sur les règles de vie de notre république, comme nous n'avons pas vocation, nous, chrétiens, à réclamer que l'on interdise la viande le vendredi saint dans les restaurants de Ryad ou de Téhéran.
Je ne suis pas un démocrate, et je ne suis pas non plus un adepte de la laïcité. Je sais que je vais en faire hurler un certain nombre, mais la laïcité est le ver qui ronge le fruit. Par la désacralisation qu'elle engendre, elle ouvre la porte à toutes les infiltrations non laïques, dont l'extrémisme islamique. On ne peut pas se défendre contre quelque chose qui a des fondements sacrés, même s'ils sont dévoyés et perdus de vue comme dans l'islam intégriste, avec une société laïque et désacralisée.
Si j'étais conduit à vivre dans un pays musulman je crois que je serais capable de pratiquer l'islam. Non par une conversion, mais par une connaissance de l'équivalence des formes et des rites. Dieu est le même partout. Cet exemple a été donné par René Guénon : en route vers l'Inde où il voulait pratiquer l'hindouisme dont il était un grand spécialiste, il a été contraint, en 1939, de s'arrêter à Tunis, où est mort au début des années 50. Là, il a pratiqué l'islam, a intégré une tarika soufie et est devenu sheikh. Il ne s'agissait aucunement d'une conversion.
Je ne demande pas aux musulmans d'Europe de pratiquer le christianisme, mais simplement de respecter les valeurs dominantes et traditionnelles qui sont les nôtres. Et c'est à leur mode de vie de ne pas déranger le nôtre. Pas l'inverse.