Le vin en vain

Un de mes amis, avec qui je viens de passer la soirée, possède un château en Bourgogne. Il a dans sa cave plus de 2000 bouteilles dont 300 bouteilles anciennes. Après avoir bu quelques bouteilles de Musigny d'un millésime ancien dont je ne me rappelle plus exactement l'année (dans les années 60), il a apporté les trois qui lui restait de cette appellation et de ce millésime à un négociant pour voir ce qu'il en pensait. Celui-ci, trouvant les étiquettes abîmées, ne lui en a offert que 2000€.

2000€ par bouteille.

Il est allé cherché des bouteilles d'un autre cru, moins prestigieux, et n'en a tiré que 1000€ par bouteille.

Je suis très perplexe devant cette façon dont le vin devient un objet de spéculation. Celui qui les achetées va les revendre deux ou trois fois plus cher. Qui osera les boire? Elles resteront des placements que personne n'osera déboucher et boire, et le prix se maintiendra même si ce qu'il y a dans le flacon est devenu avec le temps une infâme piquette.

Mais je sais que Régis n'hésitera pas à déboucher une bouteille pour ses  amis, sans penser qu'il verse à chaque fois quelques centaines d'euros dans leur verre. Et je crois que je vais répondre à son invitation, que je décline régulièrement faute de temps d'aller passer un week-end en Bourgogne. Sans avoir l'intention de lui dérober quelques flacons pour équiper mon bateau.

C'est Régis qui m'a fait boire les deux meilleurs vins que j'aie jamais goûtés : un Montrachet blanc chez lui et un Sassicaia rouge dans un restaurant italien.