Mort d'un champion

Phil Hill vient de mourir. Il avait 81 ans et la maladie de Parkinson.

Il fut le premier américain champion du monde, sur Ferrari, en 1961. Il a remporté trois fois les 24 heures du Mans et pas mal de grandes classiques, toujours sur Ferrari où il fit toute sa carrière.

En 1959, il avait offert le championnat du monde à Mike Hawthorn en le laissant passer pour lui permettre de gagner le GP du Maroc et ainsi reléguer Stirling Moss à la deuxième place du championnat. Stirling Moss, jamais champion et quatre fois second d'affilée a du inspirer Poulidor dans sa carrière de coureur cycliste. Mike Hawthorn devait se tuer un peu plus tard dans un accident de la route en Jaguar.

Le second champion du monde américain fut Mario Andretti. Phil Hill et Andretti partagent quelque chose de curieux : ils ont été champions du monde alors qu'ils étaient dominés par leurs coéquipiers respectifs.

Von Trips était largement en tête du championnat lorsqu'il se tua à Monza, accident qui tua aussi une douzaine de spectateurs. Phil Hill n'eut qu'à finir la saison en roue libre pour récupérer le titre, tant la Ferrari était supérieure aux autres voitures.

Andretti était archi dominé par Ronnie Peterson, mais Lotus avait donné pour consigne à Peterson de laisser gagner Andretti, ce qu'il fit à chaque course, de manière ostentatoire et visible, ridiculisant ce pauvre Mario. On n'eut pas le temps de rappeler Peterson à l'ordre, il se tua à Monza dans un accident dû à l'inconscience criminelle de Ricardo Patrese.

Phil Hill n'était pas un pilote exceptionnel en Formule 1. Il n'a été champion du monde que parce que la scuderia était sans rivale et que son coéquiper s'est tué.

A la même époque Jim Clark, qui sera champion du monde en 1963 et 1965 et reste pour moi le meilleur pilote de tous les temps, écrasait déjà tout le monde de sa classe. A noter que la responsabilité de Jim Clark a été mise en cause par les autorités italiennes dans l'accident de Von Trips.

Phil Hill était très attachant, doux et tranquille, avec une approche scientifique, analytique, de la course, préfigurant le travail de mise au point des pilotes d'aujourd'hui à une époque où l'instinct et le "coup de volant" étaient les principales qualités requises, les pilotes communiquant peu avec les ingénieurs.