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22 février 2022

Le coq Macron vs l'ours Poutine

L’ours contre le coq, l’ombrageuse relation Macron-Poutine

Poutine parla et le monde s’arrêta. La déclaration martiale du chef du Kremlin a refroidi les ardeurs de bon nombre de diplomates. Une allocution qui n’a pas manqué de faire réagir, voire de pousser à la dramatisation. À ce petit jeu, Emmanuel Macron est tombé dans le piège de son homologue russe. Quelques minutes après les annonces de Poutine, les cabinets des chefs d’État de la planète étaient sur le qui-vive. Nul ne voulait se laisser aller à un quelconque commentaire qui pourrait embraser la situation. Mais la France, elle, a dégainé en premier…

Dans un communiqué frôlant l’arrogance, l’Élysée a déclaré : « Le président de la République condamne la décision prise par le président de la Fédération de Russie de reconnaître les régions séparatistes de l’est de l’Ukraine. Il s’agit clairement d’une violation unilatérale des engagements internationaux de la Russie et d’une atteinte à la souveraineté de l’Ukraine. Il demande une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que l’adoption de sanctions européennes ciblées. » 

La phrase de trop. Vu de Moscou, cette déclaration est perçue comme une insulte. Depuis le début de la crise en Ukraine, les rapports entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine demeurent sur courant alternatif. Cette sortie de l’Élysée n’est pas pour arranger les relations diplomatiques franco-russes. Une sorte de “je t’aime moi non plus”, dans lequel le président russe semble prendre l’ascendant sur son homologue français.

Lors de leur entrevue au Kremlin le 7 février, le président français arrache, au cours d’un bras de fer psychologique, une promesse de désescalade de la part de la Russie en Ukraine. Mais rien n’y fait, et la crise s’intensifie. En conférence de presse, peu de temps après cet échange, Poutine affirme que « si l’Ukraine rejoignait l’Otan, avec une reprise de la Crimée par des moyens militaires, les pays européens seraient automatiquement entraînés dans un conflit armé avec la Russie ». Ce dimanche, Macron reste plus d’une heure en ligne avec son homologue russe. L’Élysée avance (encore) précipitamment une promesse de rencontre trilatérale. Le Kremlin riposte quelques heures plus tard : « Parler de plans concrets d’organisation de sommets est prématuré. » Il semble que face à l’ours, le chant du coq demeure malheureusement inaudible. 

Et si toute cette animosité résultait de la seule relation Poutine-Macron ? Le 7 février, le président français s’avance seul sur le perron du Kremlin, sans que lui soient rendus les honneurs protocolaires. Dans le salon d’honneur, Poutine salue dans la langue de Molière son hôte du jour. Le président français lui répond en anglais. Un geste qui ne va pas manquer de renforcer une tension déjà bien présente. Quelques heures auparavant, Macron faisait savoir qu’il refusait de se soumettre à un test PCR, afin de ne pas donner son ADN à la Russie.

Au-delà de ces couacs, jamais Paris n’aura fait preuve de délicatesse à l’égard de Moscou. En 2017, Emmanuel Macron reçoit au château de Versailles. Cette entrevue est « gâchée par l’arrogance du nouveau président français lors de l’entretien bilatéral où les leçons de démocratie alternaient, dit-on, avec les accusations touchant les questions de l’Ukraine et de la Syrie », racontent nos confrères d’AtlanticoL’année suivante, Vladimir Poutine invite son homologue français au Kremlin. D’une apparente cordialité, cet entretien se crispe quand Macron se braque sur le nucléaire iranien.  

Le froid apparent entre les deux hommes aurait pu se dénouer à l’été 2019. Macron invite Poutine au fort de Brégançon. Mais “Jupiter” y va de son couplet sur les droits de l’homme… dans un contexte de “gilets jaunes” — contexte qui n’échappe pas à Poutine. Celui-ci y va de sa petite critique à l’égard de la France et se moque des violences dans ce modèle démocratique français : « On ne veut pas d’événements comme les “gilets jaunes” à Moscou. » En 2020, en pleine pandémie de coronavirus, les deux hommes s’entretiennent par visioconférence pour discuter des relations franco-russes et, déjà, du conflit en Ukraine. Sourires crispés, échanges courts, ce rendez-vous n’est pas des plus cordial. Il marque une rupture profonde du lien entre Paris et Moscou. 

Emmanuel Macron n’est pas le premier président français à se heurter à Vladimir Poutine. Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient eu avec lui des relations tendues, presque ombrageuses, des entrevues marquées par des petites phrases et des coups bas. Exception à la règle, Jacques Chirac, dont Poutine se dit « impressionné par ce vrai intellectuel, très cultivé ». L’on mesure la qualité de la diplomatie d’un pays à la grandeur de ses dirigeants. Pour ce qui est de la France, on repassera.

Voici la traduction intégrale de la réponse de Poutine à Macron :

Ph

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