Un autre monde de la navigation

Il n’y a pas que les tarifs et l’accueil qui changent entre les ports français et celui-ci. La population des marins est également fondamentalement différente. Il n’y a aucun de ces voiliers de location qui polluent les mouillages et les ports par l’incompétence de ceux qui les manœuvrent, les ayant loué et s’en étant servi comme on le fait d’une bagnole chez Hertz ou Avis. Tous les bateaux sont skippés par un propriétaire averti dont les équipiers sont également des marins avertis. Sur Elanaveva, deux de mes équipiers ont leur propre bateau et j’ai été surpris de voir qu’il en était de même sur beaucoup d’autres. L’équipier d’un catamaran m’a dit avoir en France le même bateau que moi, un équipier du bateau voisin a lui aussi un Wauquiez qu’il a transitoirement laissé à son port d’attache pour accompagner son ami pour une transat. Tout ça se voit à la tenue des bateaux, à l’amarrage, à la qualité des manœuvres dans le port, et surtout à la solidarité et à la façon dont des liens se nouent. C’est un autre monde de la plaisance qui se découvre.

Un jeune français vient de Toulouse avec un Calife, un petit voilier de 6,70m. Bravo. Il faut le faire.

J’ai lu beaucoup pendant la traversée. Fini la saga de Molitho puis celle de Hornblower, tous deux de la même veine, les vaisseaux de Sa Majesté contre la Royale sous Bonaparte. Alexander Kent, avec Bolitho est presque au niveau de Patrick O’Brian avec Jack Aubrey, mais Hornblower est un ton en dessous. Ayant épuisé cette demi-douzaine de romans, j’ai attaqué l’autobiographie  de Florence Arthaud : « Un vent de liberté ». J’aime bien ce livre. J’aime bien des phrases que j’y ai trouvées. Après avoir tourné un film en mer pour son sponsor, Biotherm, elle entend les opérateurs dire au producteur : « Comment veux-tu faire un film « beauté » sur une gonzesse qui ne se lave pas tous les jours ? » Et Florence d’ajouter : « Et même quasiment jamais ! En mer, on ne se salit pas, il n’y a pas de pollution… » Moi qui suis à la douche moins souvent que mes équipiers, j’adhère au propos. La peau trouve un équilibre à bord et on n’a pas besoin hors de l’habitude à terre de se laver aussi souvent.

J’aime aussi cette phrase qui va me valoir à nouveau de me faire traiter de poujadiste : «Il faut remonter l’Elbe …  à la lueur des projecteurs, des hommes s’activent comme des fourmis toute la nuit sur des cargos en réfection dans des chantiers. On comprend mieux pourquoi, chez nous, en finissant à cinq heures de l’après-midi, les chantiers navals mettent la clé sous la porte les uns après les autres. » Ils ont eu la chance de ne pas avoir eu Martine Aubry en Allemagne !!!!! (Cette dernière remarque est de moi, pas de Florence).

Quand à ceux qui me réclament une photo de la baleine, désolé, pas eu le temps, elle a émergé au moment où sur l'autre bord nous tentions de sortir une dorade coryphène, a soufflé très fort, je me suis retourné et je l'ai vue, très près, moins de dix mètres, elle a plongé aussitôt. J'ai prié pour que le dos ne la gratte pas et qu'elle n'éprouve pas le besoin de se frotter à la quille.

Par ailleurs il semblerait que le thon annoncé à 15 kg dans le billet précédent ait du mal à atteindre les 10 kg.

La marina de Porto Santo

On voit Elanaveva au milieu des voiliers, l'annexe blanche pendue à l'arrière

Ce bateau de moins de sept mètres vient de Toulouse, bravo au marin !!! S'il lit ce blog, je serais heureux qu'il mette en commentaire son nom et celui de son bateau, ainsi que quelques mots sur son voyage