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oldgaffer
3 mai 2020

Fin de la pandémie?

"Moins de 5 % de la vague reste à subir"... Selon ce professeur de médecine, la fin de la pandémie est proche

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Jean-François Toussaint, 57 ans, est professeur de médecine de l’Université de Paris. Le site des Rencontres de Cannes, créées et organisées par François Laperou, a publié samedi matin sa dernière note sur le Covid-19.

Le professeur rappelle en préambule les dernières données de Santé Publique France, qui indiquent une moyenne de 806 nouveaux cas quotidiens sur les cinq derniers jours. Pour la première fois depuis le 17 mars, le nombre de contaminations en métropole est inférieur à 1000 par jour.

trois acteurs

Où en est la pandémie ?
Le combat qui se déroule sous nos yeux comporte trois acteurs. Le premier est viral : ce virus nouveau n’a pas franchement évolué depuis novembre. Passant de continent en continent, son agressivité n’a pas augmenté. Le deuxième est la cible : l’humain, qu’il attaque par les voies nasales et pulmonaires. Mais c’est aussi une cible populationnelle qui dépend de la forme de la pyramide des âges. Plus une population est vieillissante, plus le taux de décès est important. S’y ajoutent les facteurs de risques cardio-vasculaires : sédentarité, diabète et obésité, déjà présents dans la pandémie H1N1, il y a onze ans. En réanimation 80 % des patients sont en surpoids ou obèses.

Quel est le troisième acteur ?
L’environnement : il module les interactions entre le virome et le génome humain. Elles dépendent des conditions d’humidité, de transport, de pollution, mais avant tout de la température. L’enveloppe du virus est sensible à la chaleur : le fait d’être exposée pendant le temps de transfert, celui de la contamination, à une chaleur plus importante, pourrait diminuer le nombre et l’agressivité des particules virales. Il faut donc toujours considérer ces trois facteurs : le virus, les vulnérabilités humaines et l’environnement.

Vous citez les données de Santé publique France et la baisse constatée. Quels enseignements en tirer ? Ne peut-on pas s’attendre à cette fameuse deuxième vague tant redoutée ?
Il faut rester vigilant mais, pour l’instant, on n’assiste à aucune deuxième vague dans aucun pays du monde. À Singapour, le récent cluster signalé fait partie de la première vague alors que le pays n’a connu que douze décès en trois mois. En Chine les cas récents ont été réimportés par des citoyens qui travaillaient sur la côte Est Russe (Mer d’Okhotsk et Sakhaline).
Ces cas sont issus de la première vague. En Australie, comme en Corée, l’épidémie s’achève avec deux décès par jour en moyenne. Dans ces pays, les raisons de ce dénouement nous échappent en partie mais l’interaction entre les trois acteurs semble au cœur de cette dynamique particulière. Enfin, deux nations d’Amérique Latine (Pérou, Brésil) ainsi que l’Inde (1220 décès) après trois mois d'épidémie progressent encore, mais à des taux 10 à 100 fois inférieurs à ceux des pays européens.

"On approche de la fin de ce voyage chaotique"

Qu’est-ce qui vous permet de dire qu’il reste moins de 5 % de la vague à subir ?
On approche de la fin de ce voyage chaotique. Ce virus est certes nouveau, mais il s’inscrit dans une dynamique classique. Les interactions sont étudiées par les virologues et les épidémiologistes dans le monde et la forme de cette vague n’est pas différente des précédentes. On a assisté à une montée très rapide, en quatre semaines après le début de la phase exponentielle, puis une descente rapide, en 6 semaines. Ce fut la même en Italie et en Espagne – qui ont confiné strictement – ou en Suède, Pays-Bas et Allemagne, qui n’ont pas confiné. L’Allemagne a appliqué une politique d’isolement proportionnée, équivalente à celle de la Corée.
Or les variations du résultat final dépendent des mesures de distanciation initiales et des gestes barrière (mettre un masque, se tenir à plus de deux mètres) et non du confinement, d’autant qu’il arrive le plus souvent trop tard au regard de la phase de circulation initiale, qui démarre en décembre ou janvier hors de Chine.

Vous remettez en cause le choix du confinement ?
Une publication de Thomas A.J. Meunier (1) ce matin sur MedRxiv (prononcez « Med arkaïve » à l’anglaise, ndlr) confirme que le confinement ne joue pas sur la contagiosité de la maladie. Elle a sa propre dynamique. Si on resynchronise les courbes des pays, c’est la même chose. Le confinement ne change rien à la dangerosité du virus ni à sa propagation. En Europe, la moyenne des taux de mortalité établie pour les Pays-Bas, la Suède et l’Allemagne est la même que celle des autres pays : 100 décès par million d’habitants d’un côté, 101 de l’autre, indépendamment de la politique choisie.

En Italie ce n’est toujours pas terminé...
Les taux de décès en Italie et en Espagne sont montés 30 et 50 % plus haut qu’en France. La montagne grimpée en mars, doit être redescendue. Il faut un peu plus de temps, mais ces pays ont franchi 85 % du parcours et l’achèveront avec une à deux semaines de décalage. Je précise que ce constat repose sur l’analyse des données réelles et non sur des simulations.

"En France, le virus circule de moins en moins"

Les estimations étaient trop pessimistes ?
Les simulations initiales évoquaient 500 000 décès en Grande-Bretagne et en France, 70 000 en Suède… Or ils ne sont pas survenus. Était-ce dû au confinement ? C’est peu probable puisque la Suède n’a pas confiné et que la Grande-Bretagne a initialement suivi la même option.
Il aurait donc fallu adapter notre conduite dès que l’écart avec les simulations devenait apparent mais cela n’a pas été fait.

Combien de temps faut-il pour que cette pandémie s’éteigne ?
Dans le monde, les pays d’Amérique du Sud sont à surveiller de très près. Si le virus s’y maintient pendant l’hiver austral, il pourrait enclencher un cycle saisonnier. En France, le virus circule de moins en moins. Le discours du Premier ministre annonçait mardi le seuil des 1000 contaminations par jour pour le déconfinement. Le pays s’y trouve trois jours après. Là encore nos décisions doivent être adaptées à la réalité des chiffres validés. Si le virus arrête de circuler, faut-il continuer à agir comme si nous étions au début de l’épidémie ?

(1) Institut océanographique de Woods Hole aux Etats-Unis

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Commentaires
B
hello , je souhaites que tu aies raison et que cette "saloperie "<br /> <br /> s'éteigne le + vite possible sans faire trop de dégats ailleurs <br /> <br /> amicalement
Répondre
oldgaffer
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