Au feu! Ou l'histoire de l'homme au foyer

Ou bien chronique des années de braise....

Les poêles et les cheminées ont repris du service en ce début novembre.

Ci-dessous, "Au cochon qui tète", le restaurant de Moussac où nous avons nos habitudes et où nous nous réchauffions hier soir devant de succulents ris de veau, la grande cheminée permet de rôtir des cochons de lait, des coquelets ou des épaules. Au fait, qui sait ce que c'est que des ris de veau? Sans chercher sur google. Réponse en bas de page :

Chez nous ce matin (le tapis est roulé dans le coin à droite, c'est une condition de sa survie en face de Iota). Ce poêle Godin a une puissance de 14 Kw, 16 Kw avec le tuyau. Il chauffe toute la maison, 180 m2 habitables, car celle-ci est très peu cloisonnée et comporte surtout un grand espace unique sur deux niveaux. Il suffit de laisser les portes des chambres et de la salle bain ouvertes pour qu'elles soient chauffées :

Chez nos amis dans les Cévennes dimanche dernier, un joli petit poêle Godin Colonial :

Voici quelques réflexions sur le bois qui me viennent de mon expérience personnelle et aussi de cet excellent opuscule très bien documenté :

Mon bois, du chêne blanc qui a deux ans de séchage, humidité mesurée 20%, et, photo suivante, du chataigner, très sec, qui s'allume très facilement, une bûche part presque avec une simple allumette!

Quel bois choisir?

Eviter déjà tous les résineux, qui certes brûlent bien et chauffent, mais brûlent trop vite et surtout encrassent tout, ramonage deux fois par an obligatoire.

Le hêtre est un très bon bois de chauffage. Il est intermédiaire entre le chataigner et le chêne, donc à mi-chemin sur les qualités et défauts de ces deux bois que je vais détailler. J'ai passé tout un hiver avec du hêtre puis du chêne vert, mais je suis aujourd'hui bien plus satisfait de ma combinaison chataigner - chêne blanc. Le chêne vert a presque les mêmes qualités que le chêne blanc, sauf que les branches sont très tortueuses, on est volé sur la quantité de bois au stère à cause du volume perdu. Il ne permet pas non plus d'avoir d'aussi grosses bûches que le chêne blanc.

Le chêne blanc est certainement le meilleur bois de chauffage. Il est très dense, les bûches durent longtemps, deux bûches laissées dans le foyer le soir permettent de faire repartir le feu au matin sans le rallumer, et leur pouvoir calorifique au stère est de loin le plus fort. Deux inconvénients : il est moins aisé à allumer et laisse beaucoup de cendres.

Le chataigner est un bon bois de chauffage. Inconvénient par rapport au chêne, il est 20% moins dense, dont 20% de chaleur en moins au stère. Autre inconvénient mais uniquement dans les foyers ouverts, il éclate parfois en brûlant et projette des escarbilles. Les bûches brûlent plus vite que celles en chêne. Deux avantages énormes pour le chataigner : comme je le dis plus haut, pas besoin de papier ou de petit bois, des petites bûches puis des plus grosses, un cube allume feu, ou comme moi une pierre à huile réfractaire (achetée chez Nature et Découverte, c'est la pierre qui est réfractaire, pas l'huile) et le tour est joué. A noter que pour les allume-feu, je conseille ceux qui sont marrons, faits de sciure agglomérée à la parafine, et non les blancs qui sont des combustibles chimiques. Le second avantage est que le chataigner ne fait quasiment pas de cendres. Il est aussi bien moins cher.

Personnellement, je fais désormais tous mes feux au chataigner, c'est mon bois de base, j'utilise le chêne soit quand je sors et que je veux trouver le feu encore en marche quand je reviens, soit le soir  avant de me coucher quand je veux pouvoir rallumer le feu directement au lever.

Mais le premier conseil, toujours du bois sec! Deux ans de séchage minimum. Il vaut mieux du bois sec mouillé que du bois pas sec sec. Vous suivez? Le bois sec n'est pas un bois qui n'est pas mouillé, mais un bois qui a évacué sa sève. Le temps de séchage est plus long pour les rondins que pour le bois refendu.

Mon voisin s'est fait livrer hier du chêne blanc qui venait d'être coupé. Le bois pas sec est beaucoup moins cher. Il m'a dit :

- C'est plus difficile à faire partir, mais une fois que ça brûle c'est pareil.

Que nenni!

Là il va falloir faire intervenir des notions de physique sur la chaleur de vaporisation de l'eau. Pour refroidir votre whisky (ce qui est un crime, je ne mets jamais de glaçon dans mon whisky) vous mettez un ou deux glaçons, et c'est très efficace, le glaçon fond et le liquide devient bien froid. Le whisky s'est refroidi par le passage de la glace à 0° à l'eau elle aussi à 0°. Si à la place du glaçon, vous mettez le même volume d'eau à 0°, vous n'obtenez pas le refroidissement. C'est que pour passer de l'état solide à l'état liquide l'eau à besoin de puiser dans la chaleur du whisky, qui se refroidit sans que l'eau change de température. C'est pareil pour le passage de l'état liquide à l'état gazeux. Du bois pas sec, plein de sève, lorsqu'il brûle, transforme en vapeur l'eau qu'il contient, et puise pour cela dans la chaleur du feu.

Par rapport à du bois sec, du bois pas sec donne une grande partie de sa chaleur pour la vaporisation de l'eau, qui ne sert plus à chauffer. Suivant le degré d'humidité, on peut avoir une différence de 30% en chaleur produite entre le bois pas sec et le bois sec. Donc, payer 15 à 20% moins cher pour perdre 30% d'énergie calorifique utile, ce n'est pas un bon calcul.

N'achetez du bois pas sec que si vous pouvez le stocker pour au moins un an de séchage, même en extérieur, il sèche aussi sous la pluie, paradoxalement, et préférez les bûches refendues aux rondins.

Bonnes soirées au coin du feu.

Réponse à la question du haut : les ris de veau sont les thymus du veau, c'est un organe qui existe avant la naissance et au tout début de la vie, placé à la base du cou, qui est important dans les fonctions immunitaires.