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oldgaffer
30 septembre 2013

Médicaments : non au notices!!!

On veut donner le maximum d'info au patient sur le médicament qu'il prend. Cela est louable lors de l'acquisition d'un bien immobilier ou d'une voiture.

Pas pour un médicament. Bien au contraire.

Mettre comme on veut le faire un"tag" qui dit si ce médicament apporte vraiment quelque chose ou pas témoigne d'une grande méconnaissance de son fonctionnement.

La moitié de l'effet d'un médicament est dû à l'effet placebo. Le même produit prescrit par un médecin convaincu et convainquant sera bien plus efficace que prescrit du bout des lèvres, surtout avec une info du genre "Bof!".

Trois anecdotes pour étayer mon propos :

Beaucoup de patients appellent leur médecin pour leur signaler des effets secondaires du médicament qu'ils viennent de commencer à prendre. Ils ne les auraient jamais signalés ou ressentis s'ils n'avaient pas été écrits sur la notice. Mon père me téléphonait chaque fois qu'il prenait un nouveau médicament, et je lui disais : "Papa, arrête de me lire la notice, tu n'as rien et continue à le prendre".

Il y a quelque temps déjà, car ce genre de pratique a depuis été interdit, un médecin demande à un labo de lui envoyer des échantillons d'un médicament nouveau pour l'asthme, non encore mis sur le marché. Sa patiente n'a miraculeusement plus de crise. Il écrit au labo pour signaler le succès et demande, pour vérifier, qu'on lui envoie le même médicament en placebo. Il se garde bien de prévenir la patiente et le lui donne en lui faisant croire qu'il s'agit toujours du produit actif. La patiente rechute et fait à nouveau des crises d'asthme. Il informe le labo et demande à avoir de nouveau le produit actif. Les crises sont à nouveau guéries. Il demande au labo de publier le cas et demande à ce que son nom soit associé à la publication. On l'informe alors qu'il n'a jamais reçu que du placebo, jamais de produit actif. C'est sa conviction, même quand il croyait la cacher à la patiente, qui a obtenu l'effet thérapeutique. C'est pour cela que dans les études cliniques on procède toujours en double aveugle, ni le médecin ni le patient ne savent si le produit qu'ils reçoivent est actif ou non.

Enfin, un souvenir de mon internat. J'étais interne en rhumatologie. Je reçois un soir un patient avec une authentique sciatique hyperalgique sur hernie discale. C'est très douloureux. Je lui dis que je vais lui prescrire une piqûre très efficace pour le soulager puis je demande aux infirmières de lui faire une injection de phényl-butazone, médicament très puissant interdit depuis de nombreuses années.

Le lendemain matin, en arrivant dans le service, je commence par aller voir comment il va.

- Ah Docteur! votre piqûre, géniale! Je n'ai plus eu mal de toute la nuit.

J'arrive dans la salle de soin et l'infirmière commence par me dire :

- On ne lui a pas fait la piqûre hier, il n'avait plus mal.

Je retourne dans la chambre et lui demande s'il a vraiment eu la piqûre, il me dit oui et me montre son bras. C'était le test tuberculinique.

Persiste et signe, moins on donne d'info au patient, mieux le médicament marche.

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Commentaires
M
Très très fort le dernier exemple!!!!
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oldgaffer
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