Magnésium : info ou intox

Il n'y a pas une campagne publicitaire sans qu'un spot vante les vertus d'un produit sur les déficits en magnésium et leurs symptomes.

Il s'agit là toujours, vraiment toujours de sottises. Pour commencer je vais dire pourquoi je suis qualifié pour en parler.

MA QUALIFICATION :

J'ai passé un semestre d'internat et deux ans en tant que chef de clinique dans un service dont l'axe de recherche était le magnésium.

Tout patient, même s'il avait un cor au pied comme motif d'admission, voyait son magnésium sérique et érythrocytaire dosé dans le bilan systématique d'entrée, dans le cadre de nos recherches.

Mon sujet de thèse était les recharges en magnésium.

J'ai fait partie de la Société internationale pour le Développement des Recherches sur le Magnésium (SDRM) et j'y ai présenté mes travaux.

PRINCIPES DE BASES :

Le premier péché est de croire que prendre du magnésium par voie orale sert à quelque chose.

Le magnésium est, contrairement à d'autres ions comme le potassium son faux jumeau, mais un peu à l'instar du calcium, absorbé activement, avec une saturation rapide de la capacité d'absorption (ce qui n'est pas le cas du calcium, qui est utile et efficace par voie orale).

Une alimentation normale sature le canal d'absorption du magnésium. Cela veut dire que tous les apports médicamenteux en magnésium sont évacués directement par le tube digestif, sauf carence alimentaire. Vous pouvez jeter aux orties vos Mag2, MagnéB6 et autres.

Les apports en magnésium ne peuvent être utiles que par voie intraveineuse.

Le potassium et le magnésium sont étroitement liés. Ce sont deux ions intracellulaires. Les carences de l'un sont parallèles aux carences de l'autre. On oublie souvent en cardiologie d'ajouter du magnésium dans les perfusions pour corriger les carences en potassium, c'est pourtant essentiel. Mais je ne peux pas en vouloir à mes collègues, dans le service que je dirigeais je n'ai même pas réussi à sensibiliser vraiment mes collaborateurs sur ce point !

ION et MEDICAMENT :

Une grand partie des erreurs vient de la confusion entre son rôle biologique et son efficacité dans certaines pathologies. Une perfusion de magnésium est souvent utile dans certains troubles du rythme cardiaque (les torsades de pointe), elle est également utile dans certains états d'hyperactivité neuromusculaire (tétanie).

L'erreur vient du fait que l'efficacité du magnésium-médicament a fait croire que la pathologie traitée était dûe à une carence de cet ion. Il n'en est rien. L'efficacité dans les états d'hyperexcitation neuromusculaire et dans les troubles du rythme cardiaque est intacte si le patient ne manque pas de magnésium. Elle n'a rien à voir avec la correction d'une carence.

LES LEGENDES :

La spasmophilie est souvent citée comme la principale indication. Cette maladie n'existe pas ailleurs qu'en France. C'est le nom qu'on donne chez nous aux crises d'angoisse pour ne pas dire au patient qu'il est purement psy. Le magnésium n'a rien à voir là-dedans, ni comme ion, ni comme médicament. La crise d'angoisse déclenche une hyperventilation qui engendre des symptomes par le biais de l'alcalose métabolique. Si vous avez quelquefois ressenti des troubles en gonflant un matelas peumatique à la bouche, vous savez de quoi je parle. Le seul remède de la spasmophilie est de faire respirer celui qui est en crise dans un sac qu'on lui met sur la tête. En inhalant son propre gaz carbonique, il guérit quasi-instantanément la crise.

La "fatigue". Combien de médecins prescrivent du magnésium au gens fatigués? Ils ont raison, la consultation est courte, rentable et ça ne nuit pas.

La tétanie. Cette maladie est réelle, la crise de tétanie est liée au calcium, le magnésium n'a rien à voir là-dedans, même si en perfusion intraveineuse lors de la crise, associé au calcium, il peut contribuer à atténuer les symptômes.

QUI MANQUE DE MAGNESIUM ?

Les enquêtes épidémiologiques que nous avons entreprises montrent qu'il y a quatre causes au manque de magnésium, ces quatre causes sont un peu les même que celles des déficits en potassium, elles ont souvent le même support, ce qu'on appelle un hyperaldostéronisme. Ce sont :

Les traitements diurétiques au long cours

Les cirrhoses

Les hyperthyroidies

L'acidose diabétique

Dans quelques cas, on peut ajouter la grossesse, qui peut alors justifier un traitement oral de prévention.

Comments

[VL47]

Ok vous avez fait des etudes qui portent a penser que votre avis est eclaire. Pourtant votre conclusion est parfaitement fausse. On peut bien sur etre en carence de mg sans pour autant soufrir des 4 maladies citees. Les maladies mitochondriales par ex.... Je suis scandalisee par cet article si affirmatif alors que la connaissance scientifique ds ce domaine est encore limitee. Un peu de modestie ne nuirait pas...j'imagine que le commentaire ne sera pas edite sur le blog comme tous ceux nombreux que vous avez du recevoir et qui allait dans ce sens.