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oldgaffer
27 février 2012

The artist : autopsie d'un triomphe

La revue Cinéobs analyse le triomphe du film de la manière suivante, que je trouve intéressante :

"Comment un film français, muet et en noir et blanc, que personne n’aurait osé produire à part Thomas Langmann, a-t-il fini par décrocher cinq statuettes aux Oscars ? Explications par Olivier Bonnard, à Los Angeles

Parce que s’il y a bien quelqu’un à Hollywood qui était capable de vendre un   film français muet et en noir et blanc, c’est Harvey Weinstein. Rappel des faits : le producteur se fait projeter le film juste avant le Festival de Cannes, et, conquis, en achète les droits de distribution aux Etats-Unis. Mais il prévient : jusqu’en février 2012, Jean Dujardin, Bérénice Bejo et   Michel Hazanavicius devront mettre leur vie entre parenthèses pour promouvoir le film. Le trio accepte – combien de fois une occasion pareille se présente-t-elle, dans une vie ? La campagne sera exemplaire. Weinstein, toujours créatif, recrute une des filles Chaplin, Dolores, pour animer une projection. Dujardin imite DeNiro et Sean Connery chez Jay Leno. Même Uggie le chien, Palme dog au Festival de Cannes, est mis à contribution – il présenterait aujourd’hui de sérieux troubles   neurologiques l’obligeant à une retraite anticipée : surmenage

Parce que les Américains ne savent pas que « The Artist » est un film   français. Encore un tour de magie signé Weinstein, qui a expressément demandé à Michel Hazanavicius de ne surtout pas chercher à représenter la France aux   Oscars, ce qui aurait obéré les chances du film d’être nommé dans les catégories majeures. Et puis, pas de problème de sous-titre : le film est muet ! Enfin, du titre à l’histoire, en passant par l’esprit, tout concourt à entretenir l’illusion d’un film américain – Hazanavicius parle d’ailleurs d’un film « d’essence   américaine  ». Une seule chose pouvait faire capoter la stratégie : l’accent frenchy de Dujardin, qui s’est sagement rabattu vers les imitations et les claquettes.

Parce que 2011 était un petit cru. Une année « ouverte », sans véritable favori. Si Jean Dujardin avait des concurrents sérieux (George Clooney, Brad Pitt et Gary Oldman), « The Artist » avait de vraies chances pour l’Oscar du Meilleur film. En dehors de Woody Allen avec « Midnight in Paris », les géants du cinéma US ont plutôt déçu, de Spielberg à Scorsese en passant   par Malick ou Eastwood. Le seul vrai rival du film, finalement, c’était « The Descendants », d’Alexander Payne. Dans un contexte pareil, la campagne aura sans doute été déterminante.

Parce qu’aux Oscars, la mise en abyme est toujours payante – c’est la raison pour laquelle « Shakespeare in Love », un film sur le théâtre, avait pu l’emporter face à « Il faut sauver le soldat Ryan ». « The Artist » est une vibrante déclaration d’amour au cinéma américain. L’Académie, composée en majorité d’acteurs, a sans doute adoré se regarder dans le miroir que lui tendait le film.

Parce que le film flatte la nostalgie d’Hollywood, et son besoin de se rassurer. Confronté à la VOD et au   piratage, l’usine à rêves vit une période de transition comparable à celle de l’arrivée de la télévision dans les salons. Or « The Artist » recrée un autre moment de transition (celle du muet au parlant), et imagine un happy-end – l’acteur du muet ringardisé, sauvé par l’amour d’une   femme, finira par reprendre le chemin des studios, et le cinéma américain émergera de la crise plus fort que jamais."

N'empêche que si un des lauréats des césars, oscars et autres statuettes me dit qu'il savait dès le début du tournage qu'ils en arriveraient là, c'est un menteur!

De toute façon : Bravo the artist !!!
 
 


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