Cisterciens et Grandmontais
J'ai retrouvé H. hier matin, il tenait à me montrer des sites romans que je ne connaissais pas, dans le sud-Aveyron et le nord de l'Hérault et sur lesquels il a beaucoup travaillé avec son épouse, nombreuses publications à la clef. Nous nous sommes dirigés d'abord vers l'abbaye de Sylvanès, un peu à l'ouest du Larzac, près de la vallée du Dourdou (le Dourdou de Camarès qui rejoint le Tarn, pas celui de Conques qui se jette dans le Lot). Notre première halte fut assez surprenante, je n'avais pas vu souvent d'arc en plein cintre ressemblant à ceci :
C'est que sur notre route se trouvait un monastère bouddhiste. Ce coin de l'Aveyron propose aussi des communautés orthodoxes, la communauté héritée de Lanza del Vasto (lire à ce sujet "le pélerinage aux sources") et divers autres centres de spiritualité.
Sylvanès est une ancienne abbaye cistercienne qui présente quelques atypies par rapport au style cistercien pur et dur. D'abord il y a un clocher, ensuite, même s'ils sont réduits, il y a quelques éléments décoratifs qu'on ne trouve pas habituellement dans ce style. La façade de cet édifice roman pur XIIème siècle porte une rosace de style gothique.
Comme je l'avais déjà constaté à Sisteron, le roman méridional montre souvent des arcs légèrement brisés à la place des arcs en plein cintre. De plus, à Sylvanès, il n'y a pas de piliers ou de contreforts extérieurs, l'appareil extérieur est lisse. Les piliers et contreforts sont à l'intérieur et délimitent des chapelles surmontées d'une étroite galerie interne qui allège les hauts et conduit au clocher.
Sylvanès témoigne de quelques hésitations en recherche architecturale. On y voit l'évolution des recherches sur la voûte d'arêtes. Sur les photos on voit très bien celle du transept, qui est juste juxtaposée à la voûte sans l'intégrer. Les pieds de cette voûte d'arête se perdent un peu n'importe comment dans le mur au lieu de s'appuyer sur un pilier. Dans le scriptorium, à peine postérieur d'une vingtaine d'années, la voûte d'arêtes a trouvé la structure efficace, incorporée à l'appareil de la voûte, ses pieds reposant sur les piliers.
A noter que la nef est plus large que celle de Notre Dame de Paris.
Voici les images :
Ci-dessous on voit les contreforts intérieurs qui délimitent des chapelles ainsi que la voûte d'arêtes du transept :
Ci-dessous on voit bien la voûte d'arête dont les pieds se terminent un peu n'importe comment sur le mur sans s'appuyer sur un pilier :
Ce qui reste du cloître :
Un fronton à l'entrée de la sacristie représentant des symboles trinitaires : agneau pascal, colombe...
La voûte d'arêtes du scriptorium, bien aboutie celle-ci, incorporée dans la voûte, s'appuyant bien sur les piliers :
Une enseigne de maréchal-ferrand dans le village :
Au retour, nous sommes allés dans les environs de Lodève visiter le Prieuré de Saint Michel de Grandmont. Les Grandmontains on la règle de vie la plus stricte et la plus austère qui soit, et les batiments sont tellement dépouillés de tout type de fioritures que même le style cistercien apparaît richement décoré à côté !
Le cloître :
Le chapitre :
La nef, plus dépouillé que ça comme église, on ne peut pas :
A noter dans cette église l'acoustique fabuleuse qui permet l'organisation de concerts fort prisés.