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29 juillet 2009

La grippe des Mexicons

Le professeur Debré a du lire mon blog, car dans l'interview qu'il a accordé au JDD, il ne dit rien de plus ni de moins que ce que j'ai clamé ici à plusieurs reprises, et que je clame encore dans l'hôpital où j'exerce, face à des petits chefs qui veulent se donner de l'importance dans la prévention d'une pandémie d'opérette.

Debré: "Cette grippe n'est pas dangereuse"

Propos recueillis par Marie-Christine TABET
Le Journal du Dimanche

Bernard Debré, professeur de médecine, député UMP de Paris et membre du comité national d'éthique, prend le contre-pied des déclarations du Premier ministre vendredi. Alors que François Fillon se faisait alarmiste sur la pandémie "inévitable" de la grippe A-H1N1, Bernard Debré estime que l'on en fait trop et voit dans le virus une simple "grippe".

Vous faites partie de ceux qui considèrent que l'on en "fait trop" au sujet de la grippe (A) H1N1. Mais en fait-on jamais assez pour enrayer une pandémie?
Cette grippe n'est pas dangereuse. On s'est rendu compte qu'elle était peut-être même un peu moins dangereuse que la grippe saisonnière. Alors maintenant, il faut siffler la fin de la partie!

N'êtes-vous pas caricatural?
Ce type de grippe était attendu et il faisait très peur. Tout le monde avait à l'esprit le phénomène de la grippe aviaire, H5N1, qui est très dangereuse pour l'homme avec un taux de mortalité de 60 à 65 % mais pas contagieuse car elle passe difficilement la barrière des espèces. Nous appréhendions une redistribution des gènes pouvant faire sortir un virus très virulent et très contagieux. Cette loterie a eu lieu. Mais elle a produit un bon numéro: le H1N1. On redoutait un valet de pique, on a tiré une dame de coeur...

Après l'épisode du Mexique, les Etats se devaient de réagir...
Au Mexique, la grippe a tué car elle venait d'apparaître. Comme toutes les maladies nouvelles, contre lesquelles le corps n'a pas produit de défense, elle atteint des personnes jeunes et des moins jeunes très handicapés, dénutries, affaiblies... Toutes les mesures ont été prises, et bien: course au vaccin, isolement des malades, suivi statistique au jour le jour... C'est l'exercice grandeur nature d'une armée médicale d'Etat qui se met en ordre de bataille contre un mal qui pourrait survenir un jour. Mais à un moment donné, il faut arrêter l'exercice.

Pourquoi arrêter maintenant alors que la guerre est annoncée à l'automne?
Tout ce que nous faisons ne sert qu'à nous faire peur. Oui, cette grippe fuse très vite. Et après? Un malade en contamine deux ou trois, contre un pour une grippe classique. Mais cela reste une grippette, ce n'est ni Ebola, ni Marburg... D'ailleurs je constate que sans le dire, les pouvoirs publics ont déjà commencé à réduire la voilure. Les malades, dont on ne vérifie d'ailleurs plus s'ils ont attrapé le H1N1 ou un simple rhume de cerveau, sont désormais invités à prendre du paracétamol.

Vous accusez les Etats d'avoir paniqué?
A partir du moment où l'OMS a, de façon un peu rapide, commencé à gesticuler, avec des communiqués quotidiens et des conférences de presse à répétition, les gouvernements n'avaient pas vraiment d'autre choix que de suivre. Je leur reproche d'avoir ensuite succombé à une surmédiatisation politique de cet événement.

C'est le cas en France?
Bien sûr! Il y a 800 cas répertoriés en France. C'est une plaisanterie! Va-t-on se mettre à comptabiliser les diarrhées? On aurait dû annoncer clairement la couleur: nous sommes dans le cadre d'un exercice grandeur nature. Point à la ligne. Il est inutile d'affoler les populations sauf à vouloir leur marteler, à des fins politiques, le message suivant: bonnes gens dormez sans crainte, nous veillons sur vous.

Vous vous êtes violemment opposé à Roselyne Bachelot pendant le débat sur la loi Hôpital. Ces critiques de son plan grippe ne sont-elles pas un règlement de comptes politique?
Je n'accuse pas Roselyne Bachelot. Elle n'est pas plus responsable que cet élu Vert qui exigeait à l'Assemblée nationale que la ministre de la Santé rende des comptes sur le nombre de combinaisons étanches disponibles et la qualité des masques...

L'erreur est donc de nature politique...
Non, car je le répète au début la démarche était justifiée. Mais c'est au minimum une erreur économique. Je ne comprends pas pourquoi l'Etat a pris une commande ferme de 100 millions de vaccins. Il fallait laisser les laboratoires développer leurs produits et ensuite acheter en fonction de nos besoins. On sait déjà que les vaccins ne seront pas prêts avant le 15 novembre. Ce qui veut dire qu'ils seront disponibles lorsque le premier pic de contamination sera passé. Quant aux centaines de millions de masques en stock, que va-t-on en faire? Obliger les malades de la grippe saisonnière à les porter? Ce qui me paraît plus grave, c'est que l'on a réquisitionné des lits d'hôpital et des ambulances pour rien, faisant perdre des chances et du temps à d'autres malades.

Le Premier ministre évoque des millions de contaminations. Votre position tranchée n'est-elle pas téméraire?
Pour l'instant nous avons près de 800 morts dans le monde alors que l'hémisphère Sud connaît sans doute son pic de contamination. Ce sont des chiffres éloquents. Bien sûr, ce virus peut muter et devenir virulent. Pour l'instant ce n'est pas l'avis exprimé par la majorité des virologues... Admettons que le pire se produise. Est-on certain que les vaccins commandés seront efficaces ? Non.

Notre société est-elle devenue trop précautionneuse à l'excès?
C'est le syndrome apocalyptique. L'homme a été créé par un virus et il mourra par virus. Cela a toujours été comme cela. Avant le virus, il y avait la peur des microbes avec la peste et le choléra. L'humanité a gagné cette bataille. Alors attention à la revanche du virus!

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