Mai 1968 40 ans déjà
22 mars, c'est l'anniversaire du début du mouvement (Nanterre) qui a conduit à mai 68. Je suis effaré en réalisant que c'était il y a quarante ans. Je me souviens très bien de cette AG houleuse dans l'amphi Giraud de la fac de médecine de Montpellier, calmée par l'apparition de Manitas de Plata avec ses frères, cousins et autres AVNI (Apparentés Vagues Non Identifiés, majorité de la population tsigane qui touche les alloc et le RMI pour 10 fois plus qu'ils ne sont, un peu comme les vaches corses).
Du coup, nous étions tous réconciliés, plus du tout révolutionnaires, et nous avons écouté, chanté, dansé, jusque tard dans la nuit, dans un lieu où je n'aurais jamais cru cela possible. A propos du lieu, un autre souvenir, mon grand coup de vieux, quand j'ai accompagné ma fille aînée à cet amphi où elle commençait ses études de médecine. Je ne dirai pas quand.
Deux jours plus tard, je reçois une lettre de ma copine Maryvonne me racontant la soirée. Elle n'y était pas, clouée chez elle par je ne sais quel avatar médical, et elle me croyait chez mes parents à Perpignan. Il est délicieux de s'entendre raconter quelque chose par quelqu'un qui n'y était pas, ne savait pas que vous y étiez, et veut tout vous raconter. Un peu comme PPDA interwievant Paul Loup Sullitzer sur un livre que l'un n'a pas lu et l'autre n'a pas écrit.
Oui, je sais vous êtes déçu, vous vous attendiez à autre chose de ma part sur mai 68. Un jugement, une opinion, enfin quelque chose à dire sur le fond, et bien non. Mai 68 c'était la fête, les nanas, puis les vacances aux Baléares en attendant les examens reportés de juin à septembre, là le tandem amphi nanas était remplacé par la triade plage sangria nanas. On est le révolutionnaire qu'on peut! Et je ne crois pas avoir été très doué côté révolution. Surtout, circonstance aggravante, j'étais déjà de droite alors que c'est une maladie qui arrive avec l'âge d'habitude. Je pense que mon lecteur préféré, qui a à peu près mon âge et a toujours été de gauche, avec qui nous avons partagé un appartement d'étudiant à Montpellier, va vite mettre en commentaire (il en met souvent, il signe Henri en général, c'est son vrai prénom) qu'il n'est toujours pas infecté. Je serais même déçu qu'il ne fasse aucun commentaire. Je précise que, bien que de gauche, il reste un de mes meilleurs amis. En amitié il faut savoir être indulgent et pardonner.
Tout ça pour dire : mai 68 j'avais 20 ans. Et ma nostalgie de mai 68 c'est celle de mes 20 ans. Rien de plus.