Papa
Papa est mort ce midi. C'était attendu. Je savais depuis quelques semaines qu'il n'irait pas jusqu'à l'été et depuis le début de la semaine que c'était imminent. Je ne suis bien sûr pas parti en navigation comme je l'avais projeté et annoncé ici. Ma soeur est accourue en hâte à son chevet hier pour assister à ses derniers instants. Depuis la disparition de Maman, il a survécu difficilement cinq mois et trois jours. Ils sont ensemble désormais dans cet inconnaissable intemporel dont la foi et la recherche ésotérique permettent de sentir qu'il existe sans pour autant pouvoir le comprendre ou le connaître. Hors du temps et de l'espace.
Je vois combien depuis la mort de Maman l'image dégradée de sa vieillesse douloureuse s'est effacée en moi pour laisser la place aux couleurs et aux rires. Il en sera de même pour mon père. Le vieillard décharné, tremblant, hagard, des dernières semaines, redeviendra le brillant ingénieur qui a toujours étonné son entourage par une intelligence et une vivacité d'esprit hors du commun. Hormis cela, plus important peut-être, je crois que mon père a été quelqu'un de bon, qui a toujours eu le souci de ne pas faire de mal, de ne pas blesser qui que ce soit tout au long de sa vie .
J'ai eu des parents formidables. Et je suis heureux de voir combien mes filles reconnaissent tout ce qu'elles doivent à des grands parents exceptionnels.